Deux siècles d’expériences au service du temps
Quelques lignes d’historique
En se sédentarisant à l’époque néolithique, l’homme s’intéresse à la mesure du temps, préoccupation communément partagée par toutes les civilisations agraires. De nombreux peuples emploient dès l’Antiquité, le gnomon : simple baguette plantée verticalement en terre en vue de traduire la hauteur du soleil d’après la longueur de l’ombre. Cet objet rudimentaire est l’ancêtre du cadran solaire. Les Egyptiens se servent, quinze siècles avant notre ère, d’horloges à eau ou clepsydres. Le flambeau de la sophistication dans ce domaine revient aux chinois, dont les plus ingénieux systèmes dépasseront longtemps en précision les horloges mécaniques. D’autres instruments similaires comme le sablier et les horloges à chandelle et à huile, fonctionnant selon une quantité de matière brûlée, évaluent aussi l’écoulement du temps.
Après la Révolution, l’évolution horlogère
s’accélère profitant des progrès scientifiques et techniques. Deux
régions françaises se spécialisent alors dans la fabrication des
horloges d’édifices. L’une englobe la Vendée et la Normandie,
l’autre concerne la Franche-Comté. La production comtoise se
répartit autour de Morez-Morbier et plus au nord dans le canton du Russey, au village de Mémont, berceau de la famille Prêtre. Six générations pour une société bicentenaire A la fin du XVIIIème siècle, Théophile Prêtre, agriculteur et horloger occasionnel, fabrique quelques horloges semblables à celle installée dans le clocher du village. Il travaille alors en collaboration avec Ferréol Guillemin, l’auteur du modèle initial. Lucien et César Prêtre, ses deux fils, transforment cet ouvrage hivernal en occupation permanente dans leur atelier, aménagé d’abord au Narbief en 1810, puis au Bizot à partir de 1830. L’activité s’accroît, de nouvelles machines nécessitent la recherche d’une force motrice conséquente. La fabrique déménage, en 1854, sur la rive droite de Dessoubre au village de Rosureux. Ce déplacement annonce le nouveau statut de l’entreprise, sous la raison sociale "Prêtre et fils ". 4 à 5 ouvriers, un menuisier viennent étoffer une main d’œuvre jusqu’à présent familiale. La maison connaît une nouvelle phase de prospérité sous la direction d’Asther Prêtre. Inventif, il dépose plusieurs brevets d’horlogerie et de mécanique, récompensés dans la plupart des grands concours industriels, notamment à l’exposition Universelle se tenant à Paris en 1900. La manufacture acquiert une renommée mondiale. Créateur d’une splendide horloge comportant 13 cadrans horaires différents, ce génial artisan met au point une fraiseuse mécanique, capable de tailler les dents sur 7 ou 8 roues simultanément. L’exigence de perfection aussi bien dans l’élaboration des mécanismes que dans leur mise en service explique la réussite commerciale de l’entreprise. Les commandes affluent de la France entière, quelques horloges partent en Espagne, en Tunisie et au Brésil et quelques centaines en Suisse. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Asther a vendu plus d’horloges d’édifices en Suisse qu’en France, du fait de la rareté des fabricants helvétiques. Il décède avant l’Armistice de 1918, ses fils Lucien et César lui succèdent. Avant de s’éteindre en 1937, Lucien a le temps d’initier ses héritiers, Henri et surtout Robert, aux secrets du métier. A partir de 1940, l’établissement délaisse la fabrication des mouvements mais continue à produire les accessoires et les cadrans. Les Prêtre se chargent toujours des travaux de pose et d’entretien. Robert transfère, en 1956, l’atelier de Rosureux à Bretonvillers et est toujours utilisé pour confectionner des pièces mécaniques. Depuis 1982, l’entreprise est implantée à Mamirolle et Christian, fils de Robert, continue la tradition en artisan, tout en s’adaptant aux nouvelles méthodes et se spécialisant dans des travaux analogues. Ils perpétuent ainsi de nos jours encore dans un grand rayonnement, le renom d’une Maison deux fois centenaire. |